samedi 1 août 2009

Ismaïlia : une ville endormie le long du Canal de Suez


Ismaïlia ou Al Isma'iliyah (en arabe : الإسماعيلية) est une ville récente d'Égypte avec une population estimée entre 750 000 et 1 000 000 (715.000 habitants selon le recensement de 1996 soit 1,21% de la population d'Égypte). La ville est située sur la rive Ouest du canal de Suez, à mi-chemin entre Port-Saïd au Nord et Suez au Sud.
Bordée par le lac Timsah ou Crocodile Lake, c’est une ville touristique pour les Égyptiens notamment les Cairotes. Son nom vient d'Ismaïl Pacha, dernier khédive d'Égypte ; avant son agrandissement par les Français (1863) lors de la construction du canal de Suez, ce n’était qu’un modeste village de pêcheurs. La ville surprend par ses larges avenues, par leur calme, leur propreté et leur verdure.
Ferdinand de Lesseps entendait, en créant cette ville nouvelle sur les bords du Canal et le long d’un canal d’eau douce (Ismailia Canal construit 1858/63 de fournir un approvisionnement en eau potable aux villages utilisés pour la construction du Canal), créer le centre administratif de la Suez Canal Authority tout en offrant un cadre de vie agréable aux ingénieurs et personnels expatriés. La ville qui sera souvent appelée le « Petit Paris » est construite sur un plan européen avec trois rues principales partant du quai (Mohammed Ali Quay) et divisant ainsi la ville en trois quartiers dessinés en étoile.


La ville connaitra un second essor après la Seconde guerre mondiale avec la présence de l'Armée britannique et notamment d'une base de la RAF. Il ne reste de cette époque que la piste de l'aéroport.

Ismaïlia est le centre administratif du canal de Suez et le siège de la Suez Canal Authority. On y voit encore aujourd’hui un grand nombre de constructions coloniales datant de l'époque où Anglais et Français géraient le canal. La plupart de ces constructions sont aujourd'hui habitées par les employés égyptiens travaillant pour le canal.
Le pouvoir égyptien en a fait le symbole de la victoire contre Israël (octobre 1973), et l'a dotée de monuments commémorant la guerre du Sinaï.

Cette ville est aussi connue pour avoir vu naître le chanteur Claude François.

jeudi 30 juillet 2009

Jour de la solde


C'est aujourd'hui le dernier jour du mois de juillet pour les Égyptiens car le week-end commence demain pour eux (pas pour nous qui sommes sur un régime européen pour pouvoir travailler tranquillement avec New York et le DOMP). Ce dernier jour est donc celui de la solde tant pour le personnel militaire que pour les contractuels locaux.

Une partie de la matinée a donc été consacrée à récupérer nos indemnités à la banque. Heureusement; nous étions accompagnés par notre interprète ce qui permet de gagner du temps face au personnel local qui ne maitrise pas forcément l'anglais (surtout parlé avec un accent américain ou français).

Ensuite, j'ai du récolter les fonds destinés à payer le cuisinier. En effet celui-ci n'est pas embauché par les Nations Unies mais par les membres de la mission qui le rémunèrent en fonction du nombre de repas pris (petit déjeuner et déjeuner).
Cela a été l'occasion d'avoir avec lui une grande conversation sur sa vision de la vie, son rapport à Dieu (je devrai dire Allah). Pour lui, en tant que bon musulman, il importe avant tout de réussir sa vie non pas au sens financier mais au sens moral : prendre soin de sa famille, de ses amis et de son prochain. On est très loin du fanatisme religieux ; je n'ai pas encore osé lui demandé si sa femme était voilée (elle est a-t-il dit beaucoup plus jeune que lui) ni s'il avait des filles (en plus de ses 2 fils).
Ce système de cuisinier est pour nous un vrai confort : pas de repas à préparer la journée donc pas de temps de perdu ; et cela nous permet de nous retrouver tous ensemble pour déjeuner et donc échanger plus librement sur le travail, la vie locale...

mardi 28 juillet 2009

Ma voiture


La voiture est pour tous ici un outil de travail indispensable pour les réunions au Caire ou les ballades d'agrément et de découverte du pays.

C'est aussi un moyen d'affichage de notre présence et de notre mission. Si sa couleur blanche et ses marquages UN sont bien pratiques pour circuler tranquillement et éviter les tracasseries policières ; c'est aussi un excellent moyen pour les autorités locales de savoir où nous sommes, où nous allons car il est difficile de circuler incognito avec un tel 4x4 d'autant que les voitures courantes ici sont de vieilles Fiat 1500 et des Lada pour l'armée égyptiennes.

lundi 27 juillet 2009

Messe dominicale


Suis allé hier à la "messe" chez les coptes catholiques en la cathédrale Saint Marc... pas eu le choix. Ça a été très dépaysant d'autant que je ne comprends rien, pour le moment, à la langue locale (c'est sûr ils n'utilisent pas le latin mais peut être le grec de temps en temps).

Ma première impression, alors que je m'attendais à quelque chose de très priant voir très ordonné, est qu'il s'agit un peu (par comparaison) d'une cérémonie mal célébrée selon le NOM... avec des restes d'une tradition multi-séculaire.
L'assemblée est assez clairsemée mais de tous les ages ; les gens se déplacent beaucoup et rentrent et sortent...

On peut se repérer durant la cérémonie à certains passages qui sont aussi dans l'Église latine :
  • le sermon
  • le baiser de paix
  • la consécration
  • la quête
  • la communion
  • la bénédiction finale
L'impression d'être dans une cérémonie latine est renforcée par le fait que la cathédrale est une Église datant du début du XXème siècle (1930) construite par les Français pour le culte latin et reprise ensuite par les coptes catholiques. On retrouve dans l'ancienne Eglise Saint François d'Assise un chemin de croix en français, des statues en plâtre peint dont celle de Saint Thérèse de Lisieux (pas de Sainte Anne cependant !!!).
Au dire des guides touristiques, cette Église est réputée pour son système de 24 petites cloches... je doute juste qu'on les entende encore !!!

dimanche 26 juillet 2009

Nationalisation du Canal de Suez


Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la nationalisation du Canal par le Président Nasser et de sa déclaration d'Alexandrie (26 juillet 1956). Bien sur pour nous Français cette date ne nous parle que très peu car le problème de Suez pour beaucoup s'identifie aux opérations militaires d'octobre 1956.

Quelques extraits du discours de Nasser qui au delà de la problématique de la nationalisation annonce aussi ses idées au sujet de l'armée égyptienne mais aussi sa perception d'Israël :

"Citoyens,

Nous avons lutté pour nous débarrasser des traces du passé, de l'impérialisme et du despotisme, des traces de l'occupation étrangère et du despotisme intérieur.

Aujourd'hui, en accueillant la cinquième année de la Révolution, nous sommes plus forts que jamais et notre volonté est toujours plus forte.

L'impérialisme a essayé par tous les moyens possibles de porter atteinte à notre nationalisme arabe. Il a essayé de nous disperser et de nous séparer et, pour cela, il a créé Israël, œuvre de l'impérialisme.

Et moi, aujourd'hui, je dis à vos frères de Syrie, soyez les bienvenus ; nous sommes une partie de la nation arabe. Nous irons de l'avant, unis, formant un seul bloc, un seul cœur, une seule main pour la pose des bases et des principes de la liberté, de la gloire et de la dignité, et pour réaliser l'indépendance politique et l'indépendance économique en même temps.

L'Egypte en menant sa Révolution, luttait pour mettre ses problèmes sur une voie autre que celle de la prière et de la mendicité. En 1952, nous étions certains de réaliser l'indépendance politique; mais nous étions fermement convaincus que l'indépendance politique ne pourrait jamais être réalisée que par l'aide et en allant de pair avec l'indépendance économique.

J'ai aussi proclamé que la politique de l'Égypte est issue du cœur même de l'Egypte et non de Londres on de Washington, ou d'ailleurs. J'ai aussi dit que nous étions tout disposés à coopérer avec n'importe qui, à condition que cela ne soit pas au détriment de l'Egypte et de ses intérêts.

Aujourd'hui, je vais tout vous dire au sujet des négociations.. Depuis 1952 et après le succès de la Révolution, l'Angleterre et l'Amérique ont commencé à nous contacter et nous ont demandé de nous allier à elles et nous répondîmes toujours que nous ne pourrions jamais faire partie d'un pacte qui ne grouperait pas tous les Etats arabes.

En 1952, nous avons commencé à parler de l'armement. Ils nous ont dit : nous ne vous donnons pas des armes, si vous ne signez pas le Pacte de Défense Commune et cela veut dire qu'une mission britannique vienne ici et s'occupe de toutes les affairas de l'armée égyptienne.

Nous avons dit que nous voulons une armée égyptienne représentant les principes mêmes proclamés par la Révolution. Nous voulons une armée forte et puissante et nous n'admettrons pas que notre armée soit placée sous les ordres de quelques officiers étrangers, américains, ou autres. Il faut que l'armée travaille pour le peuple et dans l’intérêt du peuple.

Nous leur avons dit que nous voulons acheter les armes avec notre argent et que nous ne voulions pas les avoir à titre d'assistance; mais ils n'ont pas voulu. Ils n'ont voulu nous donner les armes que contre signature du mandat établissant notre esclavage et portant atteinte à notre souveraineté.

Après cela a commencé la lutte du Canal et chacun de vous sait combien nous avons sacrifié et combien nombreux sont ceux qui sont morts sur le champ d'honneur au cours de ces batailles du Canal.

Les Anglais sont sortis d'ici. Ils ont évacué et la gloire en revient non aux négociations et aux discussions, mais au sang qui a été versé à flot dans le Canal, aux morts nombreux. La lutte a été âpre et violente, mais est-ce qu'elle s'est terminée ?

Non, aujourd'hui la lutte se poursuit contre les complices des impérialistes. Ces complices se trouvent partout, dans tous les pays et ils agissent sans armes.

La lutte se trouve partout dans tout le monde arabe. Lutte contre l'impérialisme qui aide la France en Afrique du Nord. L'Amérique et tous les pays du Pacte Atlantique ont oublié les principes qu'ils ont au début proclamés et mobilisent toutes leurs forces pour combattre les Algériens. Mais là aussi le nationalisme arabe triomphe.

Nous avons pris les armes en Russie. Oui, je dis en Russie et non en Tchécoslovaquie. Nous avons conclu avec la Russie un accord pour nous fournir les armes et la Russie a accepté de nous fournir les armes et ainsi a été réalisée la transaction des armes. Après cela, quelle histoire ! On a dit : Ce sont des armes communistes. Je me demande : Y a-t-il des armes communistes, et des armes non communistes ? Les armes, dès qu'elles arrivent en Egypte, elles s'appellent des armes égyptiennes.

Ensuite, ils nous ont dit qu'ils ont un plan pour l'équilibre des forces dans le Moyen-Orient. Mais quel est cet équilibre qui fait qu'on donne un fusil à 70 millions d'Arabes pour deux fusils à un million de Sionistes et un avion pour les uns et deux pour les autres.

Et puis, qui vous a fait nos tuteurs ? Qui vous a demandé de vous occuper de nos affaires ?

En mai 1948 ils ont voulu détruire tout nationalisme arabe, du golfe Persique jusqu'à l'Atlantique. Il a été donc nécessaire de se fournir en armes par n'importe quel moyen, afin que nous ne soyons pas à la merci de nos ennemis et sous la menace d'Israël et des amis d'Israël.

Le Congrès américain qui représente les Etats américains, avait demandé que soit coupée toute aide à l'Egypte, car nous avons refusé d'accepter l'occupation et l'exploitation de notre territoire. Ce fut notre punition. Car en coupant l'aide à l’Egypte, le peuple égyptien dira que Gamal Abdel Nasser a nui au pays, et fera pression sur lui pour qu'il accepte des conditions néfastes au pays. Ils ignorent que le peuple égyptien refuse lui aussi tous ces arguments.

Nous sommes tous là, aujourd'hui, pour mettre une fin absolue à ce sinistre passé et si nous nous tournons vers ce passé, c'est uniquement dans le but de le détruire.

La pauvreté n'est pas une honte, mais c'est l'exploitation des peuples qui l'est.

Nous reprendrons tous nos droits, car tous ces fonds sont les nôtres, et ce canal est la propriété de l’Egypte. La Compagnie est une société anonyme égyptienne, et le canal a été creusé par 120.000 Egyptiens, qui ont trouvé la mort durant l'exécution des travaux. La Société du Canal de Suez à Paris ne cache qu'une pure exploitation.

Je vous le dis donc aujourd'hui, mes chers citoyens, qu'en construisant le Haut-Barrage, nous construirons une forteresse d'honneur et de gloire et nous démolissons l’humilité. Nous déclarons que l'Egypte en entier est un seul front, uni, et un bloc national inséparable. L'Egypte en entier luttera jusqu'à la dernière goutte de son sang, pour la construction du pays. Nous ne donnerons pas l’occasion aux pays d'occupation de pouvoir exécuter leurs plans, et nous construirons avec nos propres bras, nous construirons une Egypte forte, et c'est pourquoi j'assigne aujourd'hui l'accord du gouvernement sur l'étatisation de la Compagnie du Canal.

Aucune souveraineté n'existera en Egypte à part celle du peuple d'Egypte, un seul peuple qui avance dans la voie de la construction et de l'industrialisation, en un bloc contre tout agresseur et contre les complots des impérialistes.

Aujourd'hui, ce seront des Egyptiens comme vous qui dirigeront la Compagnie du Canal, qui prendront consignation de ses différentes installations, et dirigeront la navigation dans le Canal, c'est-à-dire, dans la terre d'Egypte."